Sharky

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mercredi 30 novembre 2005

Ouverture et démocratie

Alors que Sony BMG alimente encore la presse, que la France s'apprête à fêter un Noël Orwellien, une juridiction des États-Unis balance un pavé énorme concernant les machines à voter électronique « Diebold » (société très Bushienne).

Lors des dernières élections américaines « l'intégrité » de ces machines ont été remises en question :

  • aucune trace papier des votes
  • erreurs de programmation (deux tables liées sans intégrité référencielle au moins)
  • transmission des résultats non cryptée, non authentifiée, aucune garantie de non altération
  • ...

Bien sûr il n'est pas possible d'écrire que si ces machines avaient été différentes le résultat des élections n'aurait pas le même, toutefois le doute est permis...

Cette juridiction de Caroline du nord impose à la société Diebold de fournir le code source complet et la liste des programmeurs ayant participé au projet ; manque de chance le logiciel est sous Windows et donc une partie du code source est manquante !

En aéronautique les logiciels embarqués sont soumis à une norme (DO328) extrèmement stricte : chaque couche utilisée doit satisfaire à cette norme ; même si cela reste du source fermé, cette norme est très contraignante et repose sur des critères techniques et non pas sur de la paperasse (comme c'est le cas d'ISO-900X).

Dans le cas de Diebold c'est du logiciel « Visual Basic » fermé a priori codé avec les pieds étant donné qu'il y a déjà eu des failles de sécurité potentielles affligeantes de trouvé (un simple update SQL pour changer le résultat des votes et ce sans l'accès aux sources).

La question qui se pose est : « est-ce qu'un logiciel de ce type devrait être en Open Source ? ».

Je pense que la seule réponse valable est oui, et sans appel ; alors que le processus de comptage manuel est lent mais très bien surveillé (si vous avez déjà participé à un dépouillement vous avez du vous en rendre compte), il faudrait accepter de s'en remettre sans objection à « l'ordinateur », les programmeurs, le réseau de transmission et le système central ?

Certainement pas. Et c'est là que l'Open Source prend tout son sens, ce n'est pas forcément un processus démocratique dans la mesure où tout le monde ne sait pas lire un programme ou trouver des failles ou des erreurs ; mais la mise à disposition publique est le garant que si quelqu'un a quelque chose à redire dessus il pourra le faire en disposant d'éléments objectifs.

mercredi 23 novembre 2005

Open Water de la fiction à la réalité

Tardivement, pour ceux qui n'auraient pas vu le navet « Open Water » je résume rapidement :

  • beaucoup de travail, ouf enfin les vacances en milieu tropical (les Bahamas)
  • plongée dans l'océan en binôme (par groupe de deux sans moniteur de plongée pour diriger la palanquée)
  • un couple se retrouve oublié par le bateau et dérive
  • des méchants requins deviennent insistants
  • l'homme est mort dans la nuit (pour quelle raison ? On va dire que les requins sont les suspects numéro 1)
  • la femme choisit de se noyer au petit matin
  • plan sur les recherches en mer
  • le film s'arrête là, un hélico de loué et quelques bateaux figurent dans ce dernier plan donc forcément il n'y a plus de budget

Peu de temps après la sortie de ce film en France, des touristes en Égypte se sont retrouvé dans la même situation, dans des eaux où il y a des requins en quantité y compris des requins tigres et des requins océaniques, pendant environ 24 heures. Miraculeusement les opérations de recherche les ont localisé, trouvé en bonne santé exceptée une hypothermie mais normale même si l'eau est relativement chaude (plus de 30 °C).

Ces plongeurs ont eu énormément de chance car détecter un homme à la mer en plein océan est très rare et au bout d'un laps de temps aussi long il est impossible d'estimer la dérive.

Quant aux requins visiblement manger du néoprène n'est pas leur tasse de thé.

dimanche 13 novembre 2005

EULA - I own you

Vu sur Slashdot.

Quand les limites sont franchies il n'y a plus de borne

Bravo à Sony BMG qui après :

  • avoir installé en catimini un rootkit au simple prétexte que vous vouliez écouter un CD de chez eux,
  • avoir offert une porte d'entrée par le biais de ce rootkit aux pirates du monde entier,
  • visiblement utilisé des parties de code en Open Source sans en respecter les termes de la license (ça la fout mal pour un « défenseur » de la propriété intellectuelle...) pour pouvoir réaliser son rootkit

Maintenant ce sont des conditions d'utilisation (EULA) qui dépassent (en pire) ce qu'Orwell a écrit dans « 1984 ». Donc en gros on a le droit de payer et éventuellement d'écouter de la musique mais uniquement sous certaines conditions à la discrétion de Sony BMG et non la notre.

Et tout ça certainement bientôt sur vos écrans avec la transposition de l'EUCD en France :( .

Pourtant leur métier, que je sache, consiste à diffuser et à distribuer du contenu, l'utilisateur quant à lui s'engage à respecter les lois des droits d'auteurs et à ne pas diffuser le contenu hors du cercle famillial, ça paraît simple écrit comme ça, non ?

Est-ce que ces grosses boîtes ont réalisé qu'au soi disant titre de la lutte contre le terrorisme ou le piratage elles s'attaquent directement aux libertés individuelles et au progrès ?

La circulation de l'information et des immatériels par le biais de réseaux comme Internet change forcément les sociétés, mais visiblement ça continue à échapper à beaucoup de monde...

Deux livres très intéressants (il faudra d'ailleurs que je relise le premier) sur ces changements :

  • « L'utile et le futile - l'économie de l'immatériel », Charles Goldfinger, Éditions Odile Jacob, 1994 (très intéressant car écrit avant la première bulle Internet)
  • « La théorie de la classe de loisir », Thorsten Veblen, Éditions Gallimard, 1970 (mais édité en 1899 aux États-Unis !)

Je ne peux pas résister à la tentation de citer (en usant de ce droit tant qu'il existe encore) un extrait de l'introduction du premier livre :

[...] À leur tour, les immatériels rendent l'univers économique plus complexe, plus mouvementé, plus désincarné. Leur production et leur consommation constituent souvent un jeu de mirroirs dans lequel les notions même de consommateur et de producteur, clairement séparées dans l'économie industrielle, ont tendance à s'estomper. L'économie, traditionnellement discrète et solide, est devenue un spectacle narcissique, personnalisé, volatil. [...]

mardi 8 novembre 2005

Saisie structurée

Aujourd'hui on ne peut s'empêcher en programmation de faire usage de XML.

XML c'est du vent, mais aussi surtout de l'abstraction et quand on a compris cela on arrive à faire des choses que l'on imaginait pas.

XML permet de structurer des données mais le gros problème c'est l'interface utilisateur ; en effet les traitements de texte WYSIWYG nous ont donné de mauvaises habitudes : généralement on tape une ligne, puis après coup on va dire que c'est un titre donc fonte grasse et 16 points par exemple. Or la logique de structuration voudrait que l'on type d'abord l'objet : « c'est un titre » et que l'on saisisse son contenu ensuite ; la présentation se faisant dans tous les cas après.

Difficile de changer les habitudes, même si la saisie structurée présente beaucoup d'avantages comme par exemple celui de ne pas se prendre la tête avec la présentation qui se fera a posteriori.

Seulement voilà en matière d'interface et de programmation c'est loin d'être évident ; d'une part le côté structuré est quelque peu contraignant (respect d'un schéma : pourquoi là j'ai le droit de faire ça et pas ici ?) d'autre part ne pas avoir un un rendu identique auquel on est habitué.

Et si il était possible de changer les habitudes en prenant le temps pour une fois d'expliquer les choses :

  1. C'est un titre parce que j'ai utilisé une fonte grasse et un corps de 16 points
  2. C'est parce que c'est un titre que j'applique une fonte grasse et un corps de 16 points

Je vote pour la deuxième proposition sans réserve aucune ; maintenant à transcrire au niveau logiciel c'est délicat. Pourtant des logiciels comme (je sais c'est de l'archéologie) Nathalie, Sprint, WordPerfect travaillaient avec des balises et proposaient un mode prévisualisation ; que dire de Latex qui du haut de ses 30 ans reste toujours une référence dans l'édition de publication scientifique et pourtant n'est pas vraiment user friendly ?

Il est beaucoup plus facile dans une chaîne de traitement de l'information de gérer du contenu typé que du contenu présenté, en fait le contenu présenté ne devrait exister qu'au moment où on le demande cela éviterait beaucoup de problèmes et donnerait une productivité accrue et par voie de conséquence plus de contenus de meilleure qualité.

Créer un logiciel permettant d'effectuer de la saisie structurée et agréable à l'utilisateur est difficile ; mais peut être qu'en faisant une chose qu'on a oublié depuis fort longtemps en informatique : une documentation pédagogique allant au delà de « en cliquant ici le texte sera mis en gras » il serait possible de faire avancer les choses.

Si quelqu'un a des idées... j'expérimente différentes choses à ce sujet mais je crois que j'ai trop utilisé de traitements de texte WYSIWYG pour être totalement partial !

vendredi 4 novembre 2005

Sweet home (bis)

Un déménagement est toujours une expérience peu agréable surtout quand la surface habitable va en décroissant. Les déménageurs ont été vraiment pros et sympas et à l'arrivée zéro casse. EDF-GDF : parfait et sans pousser à la consommation. Et puis il y a ma ligne téléphonique et là c'est une autre histoire.

Lire la suite de « Sweet home (bis) »

mardi 1 novembre 2005

Requins polynésiens suite mais pas fin...

C'est toujours quand vous ne pouvez pas avoir accès aux informations qu'il se passe quelque chose... dans mon cas ma connexion Internet repose sur un téléphone portable en ce moment ce qui n'est pas particulièrement pratique et économique !

Selon Longitude 181 le gouvernement polynésien confirme vouloir s'engager dans la protection des requins.

Quelques bémols toutefois :

  • aucune date n'est fixée mais le processus sera long selon le ministre
  • le projet reste flou et ouvert au lobbying des pêcheurs

Néanmoins dans les points positifs il semble que le gouvernement veuille interdire strictement et rapidement la pêche aux requins dans les passes ; comme les passes sont les sites de plongée les plus fréquentés cela me semble être un moyen de temporiser : les pêcheurs continuent de massacrer les requins au large mais les plongeurs ont droit à quelques miettes, ni vu nu connu.

Toutefois, le ministre continue à faire allusion à l'interdiction de commercialisation des ailerons de requins, mais là aussi les termes employés sont volontairement flous : « projets », « en cours de validation ».

Il semble que le gouvernement veuille mettre en place un plan d'étude des populations de requins avant de mettre en place une législation ce qui veux dire que cela va prendre des années ; c'est également une mesure dilatoire classique : créer une commission d'étude...

Quant au « classement de certaines espèces de requins en animal protégé » c'est un peu du foutage de gueule intégral : il me semble que le requin baleine et le grand requin-marteau fréquentent les eaux polynésiennes et figurent déjà sur les listes de l'IUCN.

La surprise vient de la volonté d'interdire le feeding, tout du moins dans les passes, cette pratique est en effet particulièrement nuisible pour les requins et présente un risque d'incident ou d'accident réel.

Bref je ne suis pas tendre et reste extrêmement critique vu que de telles promesses avaient été faite il y a de cela deux ans, toutefois c'est la première communication officielle du gouvernement de Monsieur Oscar Temaru sur ce sujet donc cela bouge un peu...

L'élément extraordinaire de ce dossier ce sont les 38000 signataires de la pétition pour l'interdiction de la commercialisation des ailerons. Pour un sujet tel que celui ci c'est un réel succès et cela montre que beaucoup de personnes dans le monde comprennent le rôle indispensable des requins dans la chaîne écologique.

Voici en vrac pourquoi la protection des requins polynésiens est indispensable et souhaitable :

  • le requin n'est quasiment pas consommé en Polynésie, de plus c'est un demi dieu dans la mythologie polynésienne
  • la superficie maritime de la Polynésie est de 4,5 millions de kilomètres carrés (en gros l'Europe sans l'ex URSS) et une législation unique s'applique
  • les exportations passent par un seul point (Papeete) ce qui veut dire que les contrôles seront efficaces
  • la mise en place d'une législation de protection des requins permettra de faire boule de neige et de s'appuyer sur l'exemple polynésien auprès d'autres pays

Mais le plus important c'est vous qui, pendant ces deux années, avez revendiqué votre engagement en faveur de la protection des requins en Polynésie française auprès du gouvernement. Il est beaucoup trop tôt pour crier victoire, en revanche il n'est jamais trop tard pour dire merci pour tous les efforts accomplis en espérant que la protection des requins en Polynésie devienne une réalité.

En attendant nous ne pouvons être que vigilant.

Depuis le 1/1/2005...

  requins ont été tués dans le monde. Ces prédateurs indispensables au fonctionnement de l'écosystème récifal et océanique sont menacés d'extinction.

Aidez-nous à faire des 4,5 millions de km2 de superficie maritime de la Polynésie française une réserve protégée pour les requins. Mauruuru.